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La crise financière asiatique - Mémoire d'économie internationale
 
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• Type de document : Mémoire/PFE
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Extraits et sommaire de ce document
De combien de vertus n'a-t-on paré les pays asiatiques émergents ? Leur ascension économique et leur insertion dans l'économie mondiale semblaient donner raison à ceux qui prêchaient les vertus de la mondialisation. L'effondrement économique et social des pays d'Asie du sud-est depuis 1997 remet en cause leur modèle de développement et les postulats de base de la mondialisation. Quelles sont les causes de la crise asiatique ? Quelles sont ces conséquences ? Quel est le rôle du FMI et des autres institutions dans une telle situation ? C'est à ces questions, et biens d'autres, qu'on essaiera de répondre tout au long de ce travail. De ce fait, la crise asiatique à travers ces origines, ces causes, ces effets… constitue le thème central de ce présent rapport, traité en cinq parties : Dans un premier temps, on a présenté la typologie des crises financières aussi bien les anciennes que les nouvelles formes. Dans la deuxième partie, on a expliqué les origines de la crise asiatique ou plutôt les pièges qui ont conduit à cette crise, en développant plusieurs points dont les éléments suivants : le piège de la croissance régionale ; Le piège de l'ajustement structurel ; Le piège des exportations. En se focalisant, dans la limite du possible, sur les points les plus pertinents. La troisième partie aura pour but d'exposer les effets de la crise sur ces pays sur plusieurs plans (social, économique…). Enfin, nous allons analyser l'impact de la crise sur deux pays de la région, à savoir la Corée et l'Indonésie. Et ce après avoir étudié les différentes politiques adoptées en vue de redresser la situation.
I. Typologie des crises financières : 1) La typologie traductionnelle : On peut distinguer en théorie cinq types principaux de crises financières, même si elles sont souvent imbriquées en pratique. a) Les crises liées à la politique économique : Dans le modèle canonique de Krugman, un excès de création monétaire (généralement lié à la monétisation de déficits budgétaires excessifs) rend le taux de change insoutenable. Les réserves de change s'épuisent du fait qu’ils tentent de le défendre, jusqu’au moment où la crise de change éclate. C'est un peu le scénario européen de 1992-93. Conséquence un excès d’émission monétaire (financement du déficit budgétaire par la "planche à billets") entraîne l’inflation qui tend à faire diminuer le taux de change. Craignant l’insolvabilité du pays débiteur, les créanciers se retirent. b) La panique financière : Elle peut intervenir lorsque les dettes à court terme dépassent les actifs à court terme et s'il n'y a pas de prêteur en dernier ressort crédible. Selon Sachs, il devient alors rationnel pour les prêteurs de retirer leurs capitaux, s’ils constatent que les autres créanciers en font autant, et ce, même s'ils avaient été disposés à maintenir leurs engagements. La crise aurait donc pu être évitée. La crise mexicaine de 1994 est une illustration possible de ce type de crise. Il peut sembler illogique d'associer le terme de panique à un comportement individuel rationnel, mais l'irrationalité découle ici de l'addition de ces comportements (effet de composition). L’exagération de la spéculation boursière à la hausse provoque tôt ou tard un retournement. c) L'éclatement d'une bulle spéculative : On parle de bulle lorsque le prix des actifs diverge de manière de plus en plus prononcée de leur valeur fondamentale, définie comme la somme actualisée des flux de revenus anticipés que d'actif doit générer, par exemple, sur le marché des actions, lorsque le PER (rapport cours/bénéfice) ne cesse de progresser. Les bulles révèlent un surendettement des agents, il à été analysé par Irving Fischer dans un article de 1933 à propos de la crise de 1929 pour la première fois. Reprenant cette analyse, Minsky distingue trois structures possibles : hedge (dette couverte par des revenus) spéculative (des revenus couvrent les intérêts mais pas le capital à rembourser), et Ponzi (couverture des engagements par la dette). Le passage de hedge à spéculative s'explique par les opportunités de profit qui naissent en période d’euphorie ; on passe à la structure Ponzi lorsque les emprunteurs sont obligés de céder des actifs pour solder leur dette, ce qui provoque une baisse du prix de ces actifs et l'inversion des anticipations. C'est la situation étudiée par Fisher sous le terme de debit-deflation. La crise japonaise en est une bonne illustration dans sa première phase. Ainsi, les institutions de crédit ont pris des risques excessifs en accordant des concours à des emprunteurs peu fiables. Par le jeu des cascades de dettes, leur défaillance met en péril tout le système. d) Hasard moral : Ce modèle de crise intervient lorsque des banques sous-capitalisées ou peu régulées peuvent emprunter en bénéficiant de garanties publiques, elles ont toutes chances de prendre des risques excessifs. Paul Krugman présente les choses ainsi : si un prêt ou un placement est très risqué, il peut rapporter beaucoup, mais avec une faible probabilité ; son espérance de gain, guide normal de la décision, est donc faible. Mais, si les pertes éventuelles sont couvertes par les autorités monétaires, il est inutile de se préoccuper du cas où les choses tourneraient mal. L'espérance de gain est alors remplacée comme guide de la décision par la valeur du gain en cas de succès, que Krugman appelle valeur "Pangloss". Vient cependant un moment où les risques apparaissent pour ce qu'ils sont : de mauvais risques. Les agents envisagent alors la mobilisation de la garantie implicite dont bénéficient les intermédiaires financiers, et se rendent compte qu'elle ne pourra pas être mobilisée compte tenu de l'importance des sommes en jeu. Selon Krugman, ce mécanisme a joué un rôle essentiel dans la crise asiatique. Face aux difficultés d’un emprunteur important, ses différents créanciers essaient à tout prix d’être les premiers à récupérer leur mise et, ce faisant, provoquent la défaillance du débiteur, d’où des problèmes pour tous et finalement un assèchement relatif des ressources disponibles. e) Sauvetage catastrophique : Ce type de crise intervient lorsque l'insolvabilité d'un emprunteur provoque une compétition des créanciers pour tenter de limiter leurs pertes. L'assèchement du marché des fonds prêtables entraîne alors l'accumulation de faillites. Suivant le type de crise financière auquel on a affaire, les conséquences et les actions à entreprendre ne sont pas les mêmes. L'éclatement d'une bulle ou la dissipation du hasard moral améliore théoriquement l'allocation des ressources. Il faut donc laisser la crise assainir l'activité. Par contre, la contraction injustifiée du crédit en cas de panique ou de sauvetage catastrophique amène la nécessité d'une intervention publique. Il semble que le FMI du moins dans un premier temps ait fait une erreur de diagnostic dans le cas de la crise asiatique, répondant à la situation par un programme d'ajustement structurel, comme s'il avait affaire à une crise du premier type (politique économique), ce qui n'est pas le cas. 2) Un nouveau type de crise économique : Les crises qui ont débuté en Thaïlande par une série d’attaques spéculatives sur le baht sont apparues après plusieurs décennies de résultats économiques exceptionnels en Asie. Bien que les conditions aient varié d’un pays à l’autre, les difficultés provenaient principalement d’une combinaison de déséquilibres macroéconomiques quoiqu’en général les budgets publics aient été équilibrés et les taux d’intérêt modérés d’évolutions extérieures et de faiblesses dans le système financier et le secteur des entreprises. Les déséquilibres extérieurs étaient dus au niveau élevé tant des entrées de capitaux privés que de l’investissement intérieur privé, et s’étaient trouvés exacerbés, antérieurement à la crise, par l’appréciation du dollar US, auquel les monnaies des pays concernés étaient formellement ou informellement rattachées. La faiblesse des secteurs de la finances et des entreprises était due à plusieurs éléments, notamment : les faiblesses préexistantes des portefeuilles des institutions financières; l’existence d’emprunts extérieurs en devises non couverts, exposant les entités économiques intérieures à des pertes considérables en cas de dépréciation de la monnaie nationale; le recours excessif à l’endettement extérieur à court terme; et des investissements imprudents dans un environnement de bulles de prix sur les marchés boursier et immobilier. Ces évolutions concouraient avec l’arrivée de vagues de capitaux privés et d’une expansion rapide du crédit intérieur, dans le contexte de systèmes financiers libéralisés qui, outre un taux de change rattaché, conservaient des garanties publiques implicites généralisées et dont la surveillance et la réglementation n’étaient pas à la hauteur des périls du marché financier mondialisé. Dans ces conditions, un changement d’opinion du marché pouvait déclencher, et déclencha effectivement l’engrenage, qui fut difficile à enrayer, de la dépréciation monétaire, des défauts de paiement et des sorties de capitaux. La contagion gagna rapidement dans la région après la dévaluation du baht, à mesure que l’impression se répandait chez les investisseurs que d’autres pays étaient confrontés à des faiblesses similaires, ce qui faisait douter de leur solvabilité. Lorsque les crises finalement s’apaisèrent, une forte proportion des institutions et sociétés financières des pays affectés se trouvaient en faillite.
II Origine de la crise asiatique : Dans les années 90, les revendications salariales s'étaient fortement développées en Corée du Sud, dans le pays de tête de ce que l'on appelait le "miracle asiatique". Des manifestations pour la démocratie et les conditions salariales se multipliaient, menaçant de faire contagion dans l'ensemble des pays d'Asie où s'étaient concentrées les délocalisations. Rappelons-nous, La "crise asiatique" avait commencé en Corée, suite à un krach à la bourse de Séoul. Du jour au lendemain, "on" s'était aperçu que les dettes accumulées par des entreprises privées coréennes étaient trop importantes, ce qui a déclenché un mouvement de panique à la bourse. Le krach coréen s'est ensuite propagé aux autres bourses asiatiques par un jeu de dominos. Or les krach boursiers sont les événements économiques les plus faciles à induire et à manipuler: il suffit d'être en position d'influer suffisamment sur les flux financiers et/ou sur la diffusion des informations financières.
En tout cas, en Corée et en Asie, il n'est maintenant plus question de revendications sociales...
On y parle désormais de baisses de salaires, de chômage et de sans-abris. 1) Les 4 pièges ayant entraîné la crise asiatique : Le déclin alarmant des économies asiatiques, conjugué aux perspectives peu prometteuses d'amélioration, ne devrait pas surprendre. En raison des programmes d'ajustement structurel, la région asiatique est tombée dans plusieurs "pièges de la croissance". Le piège de la croissance régionale : Les économies asiatiques sont fortement intégrées au niveau régional. La demande d'un pays génère des exportations dans d'autres pays. En contrôlant les déficits et en mettant en oeuvre une politique monétaire très restrictive, les programmes d'ajustement structurel ont réduit la demande générale et ont fonctionné comme un choc déflationniste coordonné dans toute la région. Ce choc déflationniste coordonné a probablement amplifié l'effet sur la croissance par un facteur 2. Apparemment, et à en juger par les prévisions du FMI qui étaient loin d'atteindre les résultats finaux, le FMI n'a pas tenu compte de ce facteur. Le piège de la dette élevée/du taux d'intérêt élevé : Afin de redonner confiance aux marchés financiers, les types d'intérêt ont atteint des niveaux démesurés. En agissant de la sorte, le FMI n'est pas parvenu à comprendre la relation complexe et interactive entre la confiance financière et l'économie réelle. En raison de l'augmentation des taux d'intérêt à une période où la dette en US$ a presque doublé, les firmes et les banques ont presque fait faillite. Cependant, il est évident que le capital international ne retournera pas aux pays où le secteur des entreprises est en faillite technique. L'accroissement dogmatique et simpliste des taux d'intérêt a freiné l'activité économique et a sapé, dans le même temps, la confiance dans les marchés financiers. Le piège de l'ajustement structurel : Le FMI doit prendre garde d'utiliser la crise comme une excuse pour imposer tout type de réforme structurelle. Il est vrai que la réforme structurelle est parfois nécessaire et inévitable. Toutefois, essayer de réformer en toute hâte et en pleine crise peut conduire à des solutions rapides et avoir de piètres résultats. Le piège des exportations : Les pays asiatiques ont besoin de devises étrangères en vue d'alléger la dette extérieure. A cette fin, ils ont augmenté de manière spectaculaire le volume de leurs exportations vers les pays de l'OCDE, parfois de 20%, voire plus. Cependant, les bénéfices bruts des exportations ont à peine augmenté suite à la chute des prix unitaires des produits. 2) Les causes de la crise. a) concurrence et spéculation mondiales : L'effondrement des monnaies et des marchés boursiers dans bon nombre des pays de l'Asie orientale qui a commencé pendant l'été de 1997 découle des déséquilibres chroniques et croissants du capitalisme mondial déréglementé. Les pays les plus durement frappés sont la Thaïlande, le Malaysia, l'Indonésie, la Corée du Sud et les Philippines mais le Japon vit lui aussi une crise financière de plus en plus profonde et une augmentation du chômage. Le naufrage des monnaies des «économies asiatiques dynamiques» a été déclenché par les assauts spéculatifs de gestionnaires de fonds internationaux tels que George Soros, mais il y a des forces plus fondamentales à l'oeuvre. Bien qu'elle ait encore été forte en 1997, la croissance ralentissait dans les pays en question depuis un certain temps à cause de la concurrence livrée par les industries d'exportation à croissance rapide de la Chine et d'autres pays à très bas salaires. La croissance des exportations, qui a été le principal moteur des «économies miracles» asiatiques pendant les années 1980 et 1990, a été de plus en plus menacée par l'énorme capacité de production excédentaire mondiale de bien des industries dans lesquelles les pays d'Asie orientale sont devenus des producteurs majeurs, telles que celles de l'automobile, des produits électroniques de consommation et des composantes d'ordinateur. b) L'emballement causé par la spéculation : Ce qui fait empirer ces problèmes relatifs à la «vraie économie», c'est que les marchés immobiliers et boursiers de bien des pays asiatiques subissaient un gonflement sauvage par suite du crédit excessif accordé par les banques nationales et des considérables entrées de capitaux étrangers, venant principalement des États-Unis et du Japon. Les prêts consentis par les banques internationales, les investissements directs des sociétés transnationales et les achats d'actions par des étrangers ont fait augmenter la valeur des devises des pays asiatiques, ce qui a accru la menace qui pesait sur la compétitivité des coûts de leurs industries exportatrices. Comme au Mexique il y a trois ans, les assauts livrés sur les monnaies des pays asiatiques par les spéculateurs, les spéculatrices et les banques internationales craignant les problèmes futurs de balance des paiements et de non remboursement de dette ont donné lieu à un effondrement complet des monnaies et de la «confiance» des investisseurs. Comme au Mexique, l'action des spéculateurs et spéculatrices, compte tenu de la quantité énorme de capital à court terme qu'ils contrôlent, a conduit à un effondrement des monnaies et des marchés boursiers hors de toute proportion avec les facteurs économiques fondamentaux. Comme au Mexique, rares sont ceux qui s'attendaient à ce que les choses tournent ainsi. Il y a à peine quelques mois, les économies de l'Asie orientale étaient considérées comme le centre de croissance dynamique et florissant du capitalisme mondial. Les facteurs fondamentaux n'y sont pour rien y dans cette situation. La quasi-totalité de la dette extérieure des pays asiatiques est privée plutôt que publique, une grande partie de cette dette étant due par les banques et les grands conglomérats et autres entreprises asiatiques qui ont emprunté d'énormes sommes à de grandes banques d'investissement japonaises, américaines et européennes (y compris environ 5 milliards de dollars empruntés à des banques canadiennes). Presque tous les pays affectés avaient des budgets équilibrés, des taux d'inflation bas, des taux d'épargne élevés et des facteurs «fondamentaux» généralement impeccables selon les critères du Fonds monétaire international et des économistes de la droite. La crise a été créée par le secteur privé et non par les dépenses gouvernementales. d) Le capitalisme spéculatif : Il y est pour plus que le «capitalisme à l'asiatique». En effet, il est vite devenu une idée reçue que les économies des pays asiatiques avaient échouée parce que les gouvernements étaient trop «interventionnistes» et que la discipline du «marché libre» manquait. Pourtant ces économies, et particulièrement celle de la Corée, étaient les modèles du capitalisme mondial des 20 dernières années, croissant très rapidement et développant de très fructueux secteurs industriels. La Corée est en fait le seul grand pays en développement qui s'est joint aux principaux pays industriels avancés pendant l'après-guerre. Son succès tient dans une très grande mesure au commerce administré, au crédit accordé à bon marché aux industries d'exportation et à l'orientation réussie des investissements par l'État, comme même la Banque mondiale l'a reconnu dans un récent rapport majeur. La presse financière a mis en évidence l'incompétence et la corruption prétendues des banques asiatiques. La corruption, le copinage et les opérations entre initiés ont effectivement joué pour quelque chose, particulièrement en Indonésie. Cependant, il ne faut pas négliger le fait que les grandes banques internationales américaines, japonaises et autres ont alimenté une grande partie de l'excès massif des prêts en Asie ces dernières années. Puisque les taux d'intérêt étaient bas au Japon et aux États-Unis, on pouvait réunir de fortes sommes et les prêter en Asie. Les prêts ont nettement dépassé les niveaux «prudents», surtout depuis quelques années, parce que les banques cherchaient à réaliser des profits rapidement.
Depuis environ quinze ans, la déréglementation générale des finances dans les pays capitalistes avancés a engendré un certain nombre d'emballements sous l'effet du crédit suivis de spectaculaires effondrements : crise de la dette du tiers monde pendant les années 1980, naufrage de l'immobilier américain (et canadien) de la fin des années 1980, qui a ruiné le secteur de l'épargne et du prêt aux États-Unis, et fuite des investissements du Mexique et d'autres pays d'Amérique latine en 1994. L'idée que les banques internationales adoptent une ligne de conduite plus prudente et à plus long terme que les banques asiatiques n'est pas confirmée par les faits. Pourtant, c'est en se fondant sur cette idée que le FMI exige que les pays asiatiques ouvrent leurs systèmes bancaires aux investissements et aux prises de contrôle par des banques étrangères dans le cadre des programmes de renflouement qui ont été négociés. e) Le rôle du FMI : Principalement le FMI a pour rôle de renflouer les banques internationales et niveler les «obstacles» à l'expansion des sociétés transnationales. Par ailleurs suite à l'effondrement de leurs monnaies et de la fuite des capitaux étrangers et nationaux causée par la panique qui s'ensuivit, les pays asiatiques ont dû faire face au problème du service de leurs fortes dettes extérieures, payable principalement en dollars américains. Puisque la valeur de la plupart des devises en question a diminué de 50 % ou plus par rapport au dollar américain en à peine quelques mois, le fardeau de dette extérieure a augmenté énormément. La possibilité très réelle d'un défaut de paiement des dettes internationales des pays en question qui s'ensuit aurait pu et risque encore de causer l'effondrement de banques internationales japonaises et autres qui ont accordé beaucoup trop de crédit d’où la chute du Yens. L'ampleur des prêts d'urgence demandés pour honorer les créances exigibles dépassait de beaucoup les ressources du FMI, malgré leur accroissement récent. Cela a exigé que des prêts supplémentaires à court terme soient consentis par les États-Unis, le Japon et d'autres pays. Le total de ces prêts est actuellement d'environ 120 milliards de dollars. Le Canada, par exemple, a consenti à la Corée du Sud une marge de crédit d'un milliard de dollars. Les prêts du FMI et les autres prêts d'urgence sont destinés à empêcher que les pays endettés ne cessent d'honorer leurs dettes. Ils servent donc à renflouer les grandes banques internationales. Comme au cours des crises financières antérieures, la principale priorité était de soutenir le système financier international. Les banques n'ont pas été tenues de participer au règlement du problème même si elles en étaient les principales causes. Le FMI et les gouvernements n'ont demandé aux banques que d'assouplir les calendriers de paiements. Les banques internationales incitent vigoureusement les gouvernements des pays asiatiques à transformer les dettes privées en dettes garanties par l'État en échange contre le rééchelonnement de dette. Au cours de la négociation des conditions des prêts d'urgence, le FMI et le gouvernement des États-Unis ont insisté pour que soient adoptés non seulement les mesures d'austérité habituelles comprenant une réduction des dépenses publiques et la fixation de taux d'intérêt élevés mais aussi l'élimination des restrictions restantes applicables à l'investissement étranger. Les pays asiatiques sont obligés de vendre leurs banques et leurs actifs de production à des prix dérisoires pour obtenir le capital étranger nécessaire au service de la dette. De grandes entreprises américaines et japonaises cherchent déjà des aubaines sur les actifs de production d'Asie. La crise sert effectivement à imposer un modèle de «marché libre» au «capitalisme administré» de l'Asie en abolissant les règles sur les investissements étrangers et même en exigeant que les pays modifient des lois purement démocratiques. La Corée, par exemple, s'est vu ordonner d'abolir les restrictions applicables à la capacité des entreprises de congédier des travailleurs et travailleuses.
III Les effets de la crise asiatique. 1) Impact social de la crise asiatique : Tout comme les difficultés du Japon, affecté par la crise asiatique et au bord de la récession, les difficiles négociations entre l'Indonésie et le FMI inquiètent les marchés financiers. Pourtant, ceux qui souffrent le plus de cette crise ne sont pas les spéculateurs, ni les élites politiques, souvent corrompues, ni les financiers des pays industrialisés qui avaient parié sur les « marchés émergents ». Les véritables victimes sont les populations urbaines de cadres et de travailleurs qui avaient propulsé les fameux « tigres » au rang de modèles de l'économie mondiale, et sur l'effort desquels avait été bâti le fameux « miracle asiatique ». Au début de l'été 1997, à Bangkok (Thaïlande), un prêt immobilier calamiteux tourne mal. Cet incident déclenche une réaction en chaîne : un effondrement des finances conjugué avec le retrait précipité des investissements étrangers. Au mois de juillet, le gouvernement décide de faire flotter le baht. En trois mois, celui-ci perd 40 % de sa valeur comparée au dollar. La crise s'étend à la Malaisie, à Hongkong, à la Corée du Sud et jusqu'à l'Indonésie, tandis que les investisseurs, pris de panique, continuent de retirer leurs fonds. On parle d'une région où l'activité économique avait explosé - une croissance à deux chiffres deux décennies durant - et qui comptait depuis 1990 pour 40 % de l'expansion économique mondiale. Dès le début de l'année 1998, la Corée, la Thaïlande et l'Indonésie, toutes trois au bord du dépôt de bilan, se voient contraintes de s'adresser au Fonds monétaire international (FMI) et à des consortiums de banques occidentales afin d'obtenir des lignes de crédit. La Corée, membre de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), est la douzième puissance économique mondiale : pour autant, les organismes prêteurs n'hésitent pas à la ranger dans la catégorie des « junk bonds » (prises d'actions aléatoires). Ces vingt dernières années, la productivité du travail a été, dans ces pays, extraordinairement élevée, avec des revenus de l'épargne eux aussi à deux chiffres et orientés en particulier vers l'éducation, si l'on en croit une étude de la Banque mondiale datant de 1993. La perspective d'un chômage de masse était inconnue dans une région où, jusque-là, on manquait de bras en dépit d'un exode classique des campagnes vers les villes. La nouvelle tombe comme un choc, mais il faut se rendre à l'évidence : « tigres » ou non, des emplois disparaissent dans le secteur tertiaire, dans l'industrie, dans le bâtiment. Pour la seule Thaïlande, la Banque mondiale a évalué à 800 000 les pertes d'emploi au 1er janvier 1998, sans compter la masse de primo postulants sur le marché du travail. Le ministre thaïlandais du travail prévoyait 2 millions de chômeurs pour la fin de 1998. En janvier dernier, la production industrielle de la Corée a chuté de 10 % par rapport à l'année précédente, tandis que le chômage grimpait à plus de 1 million de personnes, soit 4,5 % de la population active, à comparer avec les 2,6 % de janvier 1997. En Indonésie, le ministre du travail a annoncé en février 1998 que le chômage était passé de 2,5 millions au milieu de l'année 1997 à 8 millions. « Si l'on ne prend pas de mesures », avertit M. Bomer Pasaribu, président de la Fédération of All Fédération Trade Union (FSPSI), le chômage « ouvert » pourrait atteindre 13,5 millions, soit 14,7 % de la population active . Encore n'est-ce là que le sommet de l'iceberg : en Indonésie, toute personne ayant travaillé ne serait-ce qu'une heure est comptabilisée comme active. M. Pasaribu évalue à 40 millions le nombre de chômeurs, soit 44 % des actifs, et estime que les travailleurs à plein-temps subviennent aux besoins de 4,7 % de la population. D'après la Banque mondiale, le nombre de pauvres pourrait s'accroître de 9 à 10 millions assez rapidement. 2) Les effets bénéfiques de la crise asiatique : Rien n'est plus facile que de mettre à jour des pages Web. Les entreprises le savent bien, qui utilisent à tout va des stagiaires pour réaliser leur communication planétaire. Mais il y a bien mieux que les stagiaires : un stagiaire, c'est embêtant, ça doit partir en week-end et ça ne reste pas très longtemps. Mieux que le stagiaire, il y a l'indonésien. Car l'indonésien, aujourd'hui, ne coûte vraiment plus rien. Tels sont les effets bénéfiques de la crise asiatique. C'est du moins ce qu’on apprend en lisant ce message d'Eurobytes. Il y est fait l'éloge d'un service de maintenance Web : "Notre solution est, pour vous, la plus séduisante du marché. Pourquoi? Parce que nous avons installé notre équipe de maintenance -- sous la direction de chefs de projet américains et français -- dans l'un des pays les moins chers du monde en terme de ressources humaines, l'Indonésie. Avec vos codes d'accès FTP au serveur et en recevant vos courriers électroniques quotidiens (instructions, informations, illustrations, changements dans le site), nous travaillons directement sur le réseau pendant que vous dormez (décalage horaire Jakarta-Paris de + 6 heures) et au petit matin, votre site est déjà réactualisé...". N'est-ce pas merveilleux ? Les indonésiens, bien sûr, on ne sait pas trop ce que ça vaut, mais s'ils sont surveillés par des chefs de projet américains, alors vraiment on ne risque rien... La société s'appelle Eurobytes. Elle est spécialisée dans le marketing en ligne. Ce qui montre bien que ces gens-là n'ont aucune morale, aucun principe, et peuvent pousser le cynisme jusqu'à aller chercher leur main d'oeuvre dans les pays en crise. 3) Les leçons de la crise asiatique : Lorsque, entre l'été et l'automne 1997, la tornade financière asiatique partie de Thaïlande s'étendit à l'Indonésie et à la Malaisie puis à la Corée du Sud, l'Asie "battante", celle dont on avait fait un peu hâtivement un "miracle", est soudain apparue comme une cause perdue. Les économistes et analystes financiers qui l'avaient élevée au rang de modèle en découvraient brusquement les déficiences : endettement faramineux, manque de transparence, surévaluation des actifs, capitalisme de copinage... Les économies émergentes, championnes de la croissance, semblaient au tapis pour longtemps. Cinq ans après, elles sont à nouveau en expansion, indique la Banque asiatique de développement (BAD) : l'Asie orientale (Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande plus la Corée du Sud et la Chine) devrait enregistrer cette année une croissance moyenne de 5,8 %. Certes, elle ne connaîtra plus une expansion exponentielle - et les effets du ralentissement américain obscurcissent l'horizon -, mais la vigueur de la demande intérieure contribue à une croissance plus équilibrée et, par conséquent, moins vulnérable aux fluctuations des exportations. Sans choc extérieur, la croissance régionale devrait atteindre 6,2 % en 2003, estime la BAD. En dépit des incertitudes dues à la part importante des exportations dans leur croissance, le redressement des économies asiatiques, sur la toile de fond des malversations qui ébranlent le modèle de capitalisme représenté par les Etats-Unis (affaires Enron, WorldCom, Merrill Lynch, Xerox...), incite à s'interroger sur les "certitudes" véhiculées par le discours ultralibéral qui domine l'analyse économique et qui n'a pas épargné ses leçons à cette partie du monde. Aujourd'hui, le "ver dans le fruit" se trouve non pas dans les limbes opaques d'un capitalisme dit "asiatique" mais en son centre : à Wall Street. Incident de parcours ou crise révélatrice des errements auxquels entraîne la suprématie des marchés financiers qui ont fait de la hausse des cours une création de valeur ? En tout cas, la crise de confiance ouverte aux Etats-Unis - qui se retrouvent logés à la même enseigne que ces pays asiatiques qu'il s'agissait voici cinq ans de "remettre à leur place" entame sérieusement la crédibilité des "visionnaires" des marchés : non seulement en matière de gestion de portefeuilles mais aussi en termes d'analyses économiques. Car depuis cinq ans les crises de l'Asie orientale ont donné lieu à un florilège de jugements aussi alarmistes que déconnectés des réalités économiques de ces pays. Il y a eu assurément, dans le déclenchement des crises asiatiques, des causes propres à certains modes de développement. Leurs défauts étaient connus mais, jusqu'au milieu des années 1990, ceux qui les dénonçaient passaient aux yeux des financiers internationaux (lesquels, faut-il le rappeler, s'accommodaient fort bien alors des dictatures et du "capitalisme de copinage") pour de tristes trouble-fête. Ces travers ne furent au demeurant qu'un élément des crises : le déclencheur fut la valorisation brutale du dollar par rapport au yen décidée au milieu des années 1990 par Tokyo et Washington, qui inversaient ainsi les équilibres de changes des accords du Plaza intervenus dix ans plus tôt, fait valoir Kenneth Courtis, vice-président de Goldman Sachs Asia. Alors que les monnaies asiatiques étaient placées sous l'hégémonie du dollar, souligne-t-il, la valorisation de la devise américaine touchait de plein fouet des pays aux bases financières fragiles et rendait la crise inévitable. En d'autres termes, ce sont moins les maux du "capitalisme asiatique" que la politique des deux puissances du Pacifique qui ont provoqué des crises que peu de financiers avaient vues venir - à commencer par les experts du Fonds monétaire international. L'essor du commerce interrégional et de la consommation interne, des réformes drastiques du système bancaire, allant de pair, en Corée du Sud notamment, avec un aggiornamento démocratique, a permis le redressement spectaculaire des économies asiatiques, favorisé par une conjoncture mondiale exceptionnelle en 1999-2000. Des assainissements insuffisants obscurcissent certes encore l'horizon de monceaux de mauvaises dettes mais, en gros, les économies asiatiques sont reparties.
IV Les différentes politiques visant à un redressement de crise asiatique. 1) Le redressement de la crise asiatique et le rôle du FMI : Il a été fait appel au FMI pour fournir un appui financier à trois des pays les plus gravement affectés par la crise : l’Indonésie, la Corée et la Thaïlande. La stratégie retenue pour traiter la crise comportait trois composantes principales : Financement : un financement de quelque 35 milliards de dollars US. a été fourni par le FMI à l’appui des programmes d’ajustement et de réforme en Indonésie, en Corée et en Thaïlande, l’aide à l’Indonésie étant encore augmentée en 1998-99. D’autres sources bilatérales et multilatérales ont engagé quelque 85 milliards de dollars US. de financement, qui ne se sont pas matérialisés en totalité. En outre, des mesures concertées ont été prises dans divers pays à divers moments du déroulement de ces programmes, pour enrayer les sorties de capitaux privés. Politiques macroéconomiques : La politique monétaire a été resserrée (à des moments divers selon les pays) pour enrayer l’effondrement des taux de change bien supérieur à ce que les paramètres fondamentaux auraient justifié et empêcher que la dépréciation de la monnaie ne déclenche une spirale inflationniste qui serait venue alimenter la poursuite de la dépréciation. Le resserrement des conditions monétaires n’a duré que le temps nécessaire : dès que la confiance a commencé à revenir et la situation sur le marché à se stabiliser, les taux d’intérêt ont été abaissés. La politique budgétaire devait essentiellement rester ferme en Indonésie et en Corée, tandis qu’en Thaïlande le resserrement budgétaire prévu était destiné à enrayer l’augmentation du déficit enregistrée l’année précédant la crise. Réformes structurelles : Des mesures furent prises pour remédier aux faiblesses des secteurs de la finance et des entreprises. D’autres réformes étaient destinées à alléger les conséquences sociales de la crise et préparer le terrain pour une reprise de la croissance. Les programmes reposaient initialement sur des projections macroéconomiques fondées sur l’hypothèse que la présentation d’un ensemble convaincant de politiques, associé à de grands montages financiers, restaurerait rapidement la confiance. Selon les projections faites sur cette hypothèse, la croissance devait baisser, mais demeurer positive. Pas plus que d’autres observateurs, le FMI n’avait prévu les profondes récessions qui se produisirent. En l’occurrence, le PIB chuta en 1998 de 7 % en Corée, de 6 % en Thaïlande et de 14 % en Indonésie. Outre l’assistance financière aux programmes de réforme économique menés dans ces trois pays, le FMI avait pris avec d’autres pays de la région des mesures pour endiguer la crise : extension et augmentation en 1997 du programme déjà en place aux Philippines, et organisation d’un accord de confirmation en 1998 ; intensification des consultations avec les autres pays affectés par la crise et activités d’expert-conseil quant au choix des mesures à prendre pour éviter la contagion. Le FMI soutenait notamment le point de vue des autorités chinoises qui estimaient devoir maintenir la stabilité de leur taux de change vis-à-vis du dollar US. Les réformes structurelles ont joué un rôle crucial dans les programmes. Il a été accordé davantage d’importance aux réformes structurelles que dans les programmes habituels du FMI. Les détails de ces réformes furent formalisés en consultation avec les autorités des pays concernés, ainsi qu’avec la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement. La nécessité de réformes du secteur financier, était particulièrement pressante, étant donné les origines de la crise. Les politiques appliquées dans les trois pays comportaient toutes les éléments essentiels suivants : clôture des institutions financières en défaut de paiement, afin d’éviter des pertes supplémentaires; recapitalisation des institutions financières potentiellement viables, souvent avec l’aide de l’État; surveillance étroite par la banque centrale des institutions financières fragiles; et renforcement de la surveillance et de la réglementation bancaires, afin d’éviter la réapparition des fragilités à l’origine de la crise, l’objectif étant de restaurer la santé des institutions financières et de porter la surveillance et la réglementation bancaires aux normes internationales. Mais dans tous les cas les normes ont été relevés progressivement, en raison de la double nécessité de faire un pas convaincant en avant tout en évitant de commotionner par des réformes trop rapides des systèmes financiers déjà ébranlés par la crise. La nécessité d’une restructuration de la dette des entreprises, notamment de l’établissement d’un mécanisme de renégociation viable, était également considérée comme une contrepartie capitale de la restauration de la santé du système financier. Sur ce point les progrès ont été lents dans les trois pays, avec des conséquences défavorables sur le rythme de la reprise économique. D’autres mesures visaient notamment : à protéger les secteurs sociaux pauvres et vulnérables des pires effets de la crise en approfondissant et en élargissant les dispositifs de protection sociale et en Indonésie notamment en consacrant des ressources budgétaires substantielles à subventionner davantage des produits de base comme le riz ; à accroître la transparence dans les secteurs financier, public et des entreprises ; à améliorer l’efficacité des marchés et accroître la concurrence.

2) Les politiques macro-économiques : Rétablir la demande globale : En vue de donner aux entreprises et, en particulier, aux petites entreprises à forte intensité de main-d'oeuvre un moment de répit pour surmonter la contraction, les taux d'intérêt d'une politique monétaire devraient tenir compte des possibilités de réduire les taux d'intérêt sans mettre en danger le taux de change. De plus, si on regarde au-delà des chiffres exacts du déficit, les déficits structurels semblent avoir complètement disparu dans la région. Si on comble le fossé négatif de la production, il apparaît que la Thaïlande, les Philippines, la Malaysia et l'Indonésie ont en fait des excédents structurels. Cette situation permet à ces pays de relancer sur le plan budgétaire la demande globale. Si cet objectif est atteint au niveau régional, un stimulant d'1,5% du PIB rétablirait la croissance d'au moins 3%. Afin d'éviter d'exclure les marchés financiers locaux, les pays devraient financer ce stimulant budgétaire en demandant des prêts sur les marchés internationaux. Un tel prêt s'élèverait à 15 milliards de US$ et serait gérable par comparaison avec la fuite massive des capitaux. Le FMI et la Banque mondiale devraient accorder ou faciliter ce prêt en exerçant une pression sur les joueurs mondiaux sur les marchés financiers. Des politiques macro-économiques en faveur des pauvres : Il est d'une importance capitale que ce stimulant budgétaire bénéficie aux personnes les plus touchées par la crise. C'est pourquoi, une large partie du 1,5% du PIB devrait être destiné aux travaux publics à forte intensité de main-d'oeuvre, à l'octroi d'une sorte d'assurance pour les chômeurs, aux systèmes de santé et d'éducation et à l'augmentation des subventions pour l'alimentation. Des politiques macro-économiques visant à la survie des entreprises : Moyennant plusieurs mesures fiscales (des stimulants fiscaux pour l'investissement, des dispositions fiscales destinées à déduire les pertes du taux de change, des réductions d'impôts pour les exportations, etc.), les entreprises pourraient obtenir des revenus et du cash flow supplémentaires, ce qui sauverait certaines entreprises et constituerait la base d'une nouvelle reprise économique. 3) Les critique et propositions du CMT à l’égard du FMI : Réduire l'encours total de la dette : Ces politiques sont destinées à partager le fardeau de l'ajustement. Les décisions myopes prises par les investisseurs internationaux ont contribué à la gravité de la crise asiatique. Cependant, la plus grande partie, si pas l'entièreté, du fardeau de l'ajustement est portée par les propres économies et, en particulier, les travailleurs. La 'bouée' de sauvetage internationale lancée par le FMI et la Banque mondiale aux pays concernés constitue également une bouée pour ces investisseurs 'irrationnels'. La réelle préoccupation d'un programme du FMI de maintenir les pays en question dans le système commercial mondial implique en même temps une garantie pour les investisseurs étrangers qui récupéreront leur prêt initial. En récompensant un comportement imprudent, le FMI et la Banque mondiale non seulement donnent de faux signaux mais peuvent aussi jeter les bases d'une nouvelle crise. De plus, ceci signifie que la plus grande partie du fardeau des programmes d'ajustement structurel se déplace vers la population et les travailleurs des pays concernés. Alors que les créanciers attendent tranquillement le remboursement total de leur capital, ce sont les travailleurs et les pauvres qui paient les erreurs et le risque excessif assuré sur les marchés financiers. La récente reconduction de la dette privée pour les créanciers coréens n'a pas seulement débouché sur une augmentation des taux d'intérêt mais a aussi poussé le gouvernement à garantir le montant total, ce qui illustre clairement la façon dont le fardeau tend à se déplacer vers les parties les plus faibles. Compte tenu du fait que seuls 19% du capital des banques de la BRI sont investis en Asie de l'Est, par comparaison avec 58% (en 1982) en Amérique latine, il est possible de renégocier la dette privée internationale sans menacer le système financier mondial. Afin que le FMI et la Banque mondiale ne perdent pas davantage de crédibilité aux yeux des travailleurs, le problème du partage du fardeau de l'ajustement doit être résolu. La CMT insiste pour que le FMI et la Banque mondiale cessent "de faire des cadeaux" aux investisseurs imprudents. La conclusion d'arrangements visant à résoudre adéquatement le problème de la dette tant dans le secteur public que privé non seulement enverrait des signaux d'encouragement pour de futures décisions sur les marchés financiers, mais allégerait aussi le poids de la dette de ces pays. Ceci pourrait être une manière décisive de procéder à un "nettoyage" général de la situation et de commencer à rétablir la confiance sur les marchés de ces pays. Renforcer davantage les politiques appropriées: investir dans la cohésion et le dialogue sociaux : Les expériences acquises dans le monde entier témoignent de la tendance des programmes d'ajustement structurel à trop s'axer sur la confiance "financière", donnant lieu ainsi à des programmes non réalisables et très contestés. A long terme, les programmes d'ajustement structurel qui pèsent trop sur les dépenses sociales et les subventions destinées à l'enseignement, à la santé et à l'alimentation nuisent à la productivité et à la croissance économique. La CMT invite la Banque mondiale à adopter la même approche que celle utilisée par le FMI pour contrôler les déficits budgétaires. De clairs objectifs publics devraient être fixés en vue de réduire la pauvreté. L'objectif devrait régulièrement être contrôlé et des mesures correctives supplémentaires devraient être prises lorsque l'objectif en matière de pauvreté n'est manifestement pas atteint. L'équilibre entre les objectifs financiers et sociaux ne peut être établi que lorsque les deux critères sont abordés sur la base de la même méthodologie. En particulier pour les pays d'Asie de l'Est, un système de statistiques a été mis sur pied pour contrôler la pauvreté et devrait être utilisé. En outre, la CMT recommande au FMI et à la Banque mondiale d'user d'une plus grande influence en vue d'instaurer des structures de concertation tripartite et de dialogue social. Afin d'exploiter l'expérience et le savoir-faire existants, il est essentiel que le FMI et la Banque mondiale travaillent étroitement avec l'OIT en la matière. La Triade devrait assumer leurs responsabilités : La Triade et plus particulièrement l'Europe devraient assumer leurs responsabilités devant cette crise. Afin de résoudre la crise asiatique, il serait nécessaire que d'autres parties du monde injectent des devises étrangères sur les marchés naissants. L'Europe et le Japon ont un rôle important à jouer puisqu'ils sont les épargnants nets dans le monde des devises étrangères. En maintenant la demande sur leur marché intérieur, ils protégeraient leur économie de la chute de la demande mondiale et dans le même temps fourniraient des marchés d'exportation aux économies asiatiques. Toutefois, l'Europe et sa nouvelle Banque centrale européenne, fascinées par l'idéologie de la "stabilité monétaire", risqueraient de n'agir que lorsqu'il est trop tard, ce qui porterait préjudice aux travailleurs aussi bien en Europe que dans le monde entier. La CMT insiste pour que l'Europe et la "Fédération Reserve" contribuent à la chute des taux d'intérêt de manière coordonnée et convaincante. Les politiques à moyen terme en association avec les marchés financiers : Cette politique consiste en une nouvelle architecture pour le FMI, la Banque mondiale et les marchés financiers mondiaux. La crise du peso mexicain, le séisme monétaire asiatique et la contagion d'autres marchés naissants en Europe de l'Est et en Amérique latine démontrent que le système financier mondial ne fonctionne pas toujours de manière "rationnelle". Tout d'abord, les pays sont "inondés" de capitaux étrangers. Sur la base des résultats bien connus d'une croissance élevée et des bonnes opportunités d'investissement de ces économies asiatiques, les investisseurs étrangers s'y ruent, donnant ainsi une nouvelle impulsion à l'expansion et à la surchauffe de l'économie. Ensuite, il ne suffit que d'une "étincelle" pour provoquer une fuite spectaculaire des capitaux étrangers. C'est ce comportement grégaire qui amplifie les chocs et transforme les problèmes structurels existants mais solubles en catastrophes sociales et économiques. Pour la CMT, il convient d'entamer la discussion sur une nouvelle architecture des marchés financiers mondiaux. La CMT insiste pour que le FMI et la Banque mondiale coopèrent à une commission internationale chargée de formuler des propositions pratiques (voir ci-dessous). Outre le FMI et la Banque mondiale, à cette commission internationale pourraient s'ajouter d'autres institutions financières pertinentes, telles que la Banque de règlements internationaux, les institutions qui s'occupent du "côté réel" de l'économie, à savoir l'OCDE et les institutions pertinentes de l'ONU, en particulier la CNUCED. La commission internationale élaborerait également des propositions portant sur : l'introduction d'une taxe Tobin afin de ralentir les mouvements irréguliers de capitaux; la promotion d'un comportement prudent sur les marchés financiers (par exemple, en ajustant les conditions requises du capital à risque); les lignes directrices internationales en vue d'un contrôle du système financier par les gouvernements ou les institutions publiques; le contrôle et la diminution à court terme des afflux de capitaux (les réserves obligatoires, la limitation du prélèvement des taxes pour les intérêts de la dette extérieure); l'établissement de règlements et de procédures destinés à réduire la dette et l'élaboration d'accords sur la dette par vote à la majorité. Par ailleurs, les modalités qu'appliquerait le FMI pour libéraliser les comptes de capitaux devraient être minutieusement examinés. L'objectif consisterait à promouvoir des flux de capitaux stables et productifs, à ne pas exposer les pays en développement qui ont une moindre capacité de réglementation financière aux limiers des marchés financiers. Dans ce contexte, et sous certaines conditions (une situation de crise grave, base temporaire), l'instrument de contrôle des capitaux ne devrait pas être écarté. N'oublions pas que ces pays asiatiques qui ne se sont pas ouverts et qui ont maintenu des restrictions de flux de capitaux n'ont pas été entraînés dans le séisme monétaire. 4) Résultats et évaluation des programmes appuyés par le FMI : Les programmes appuyés par le FMI n’ont pas initialement réussi à rétablir la confiance dans les trois pays avec tout le succès espéré, les sorties de capitaux et la dépréciation des monnaies s’étant poursuivies après leur introduction. Cela était dû à une variété de facteurs, notamment : les hésitations et renversements de politique survenus au début de la mise en oeuvre des programmes par exemple l’annulation prématurée du resserrement de conditions monétaires associées à des incertitudes politiques et électorales qui jetaient le doute sur la poursuite des politiques ; les déséquilibres insurmontables entre les réserves et la dette à court terme. En Corée et en Thaïlande, les investisseurs étaient d’autant plus préoccupés par cette situation que le niveau des réserves disponibles avait été publié dans le cadre des programmes appuyés par le FMI; et les incertitudes au sujet des trains de mesures officiels; en particulier, les «deuxièmes lignes de défense» de la Corée et de l’Indonésie, annoncées lors du lancement de leurs programmes, ne furent pas décaissées. Les sorties de capitaux et la chute des taux de change se poursuivant, les récessions subies par les pays dépassèrent de beaucoup ce qui avait été projeté. Elles furent causées principalement par l’effondrement de la dépense intérieure, en particulier de l’investissement privé. Les pays subirent d’énormes ajustements de leurs transactions courantes, qui traduisaient essentiellement une chute brutale des importations. Les marchés financiers se stabilisèrent dans les premiers mois de l’année 1998 en Corée et en Thaïlande, sensiblement plus tard en Indonésie. Les taux de change commencèrent à se redresser, et mi-1998 les taux d’intérêt étaient retombés à des niveaux inférieurs à ceux d’avant la crise. L’activité économique commença ensuite à reprendre, vers la mi-1998 en Corée, plus tard dans les autres pays. Cette reprise, une fois lancée, se révéla exceptionnellement vigoureuse, en particulier en Corée où la croissance atteignit 10,75 % sur l’ensemble de l’année 1999. La reprise était alimentée par la réapparition de la demande intérieure, dont l’effondrement avait entraîné la récession. Le déroulement de la crise asiatique et les résultats de la stratégie économique adoptée ont suscité l’émergence de réflexions nouvelles sur le système financier international ainsi que sur la réaction qu’il convient d’adopter devant les crises financières. Les études sur l’application des enseignements de la crise asiatique aux activités du FMI se poursuivent. À titre de première mesure, le FMI a publié en janvier 1999 un rapport interne préliminaire sur la conception et les résultats initiaux des programmes appuyés par le FMI en Indonésie, en Corée et en Thaïlande. Cette étude cherchait à identifier les aspects de la stratégie du FMI qui avaient fonctionné comme prévu, et ceux qu’il convenait de réexaminer. En septembre 1999, le FMI a publié une étude passant en revue son activité d’expert-conseil en Asie dans le domaine de la restructuration financière. Une de ses principales conclusions, que partagent la plupart des observateurs, est qu’il importe de faire davantage d’efforts pour prévenir les crises. Le déroulement de la crise a mis clairement en évidence qu’il est difficile, une fois enclenchée, d’enrayer ce type d’évolution. Dans ce domaine, les principaux enseignements sont les suivants : l’incapacité du FMI et de la plupart des autres observateurs à prévoir la crise, sauf en Thaïlande, souligne l’importance d’exercer une surveillance renforcée, en particulier sur le plan de la vulnérabilité du taux de change et du système financier, afin que les fragilités puissent être traitées avant qu’elles atteignent des niveaux extrêmes; une plus grande transparence des évolutions économiques et financières, grâce à la publication de statistiques économiques, notamment d’indicateurs financiers et du secteur des entreprises et de données complètes sur les avoirs et engagements de réserve officiels, est capitale pour assurer l’établissement ou le renforcement de la discipline de marché, et un ajustement moins brutal du prix des actifs et des flux financiers en cas d’informations défavorables. Cela permettrait également d’éviter que la révélation d’informations défavorables se produise en pleine crise; la crise a suscité des interrogations nouvelles quant au rythme et au séquencement appropriés des étapes de la libéralisation du compte de capital. Elle démontre en particulier qu’il est dangereux de libéraliser le compte de capital avant d’avoir assuré la solidité du système financier intérieur. Dans certains pays, la libéralisation des flux de capitaux à court terme avant celle des flux à long terme a fait apparaître un autre problème de séquencement ; en particulier, le fait que l’investissement direct étranger soit demeuré réglementé a dans certains cas favorisé un type de composition des flux de capitaux qui a exacerbé les vulnérabilités; et on ne constate aucun signe indiquant que la crise ait eu son origine dans un aléa moral. Les programmes que le FMI a appuyés au Mexique en 1995, dans lesquels les marchés auraient vu, selon certains détracteurs, le signe que les pays à marché émergent pouvaient compter sur un renflouage par le FMI, n’ont eu en réalité aucun effet perceptible sur les marchés financiers asiatiques; les investisseurs semblent avoir considéré à l’époque que les événements du Mexique ne présentaient aucune pertinence pour les «tigres» asiatiques. Que faut-il penser des stratégies économiques mises en place face à la crise ? Les politiques monétaires rigoureuses, lorsqu’elles ont été appliquées avec fermeté, ont effectivement réussi à renverser les pressions sur le marché des changes et à prévenir l’émergence de spirales inflationnistes. En Corée et en Thaïlande, on a pu constater le schéma suivant : après une période de taux d’intérêt réels négatifs, de dépréciation de la monnaie et d’inflation croissante lors du démarrage des programmes appuyés par le FMI, les taux d’intérêt ont été portés à des niveaux élevés en valeur réelle pendant quelques mois. La situation des marchés s’est stabilisée, les monnaies se sont redressées, et les taux d’intérêt ont été ramenés à des niveaux inférieurs à ceux en vigueur avant la crise; un cycle d’inflation et de dépréciation a ainsi été évité. L’Indonésie en revanche a maintenu des taux d’intérêt réels négatifs jusqu’au milieu de l’année 1998, dans un contexte d’expansion monétaire galopante associé à l’effondrement du système bancaire et à des troubles civils et politiques. L’effondrement de sa monnaie fut beaucoup plus grave et prolongé que dans les autres pays. Ces constatations mettent sérieusement en question l’affirmation par certains critiques que le resserrement monétaire aurait été contraire à l’effet recherché et aurait même accéléré les dépréciations monétaires. Avec le recul, les objectifs budgétaires initiaux des programmes, qui reposaient sur l’anticipation — partagée par la plupart des observateurs à l’époque — d’un ralentissement économique modéré, paraissent trop restrictifs. Ils furent ajustés, lorsqu’il devint évident que les pays entraient dans une phase de contraction sévère, et que l’effondrement de la demande privée rendait les soldes extérieurs courants massivement excédentaires. Dans les trois pays, la détente commença début 1998, c’est-à-dire deux mois seulement après le lancement des programmes en Indonésie et en Corée. Il apparaît rétrospectivement qu’il eût fallu procéder plus tôt à cette détente, d’autant que ces pays étaient entrés dans la crise avec des situations budgétaires fortes et de faibles niveaux de dette publique. Bien que la politique budgétaire n’ait nullement été une des causes principales de la récession, elle eût pu faire davantage pour compenser la baisse de la demande privée, qui elle-même paraît avoir été largement causée par les effets de la crise sur les patrimoines. Comme nous l’avons déjà mentionné, des réformes structurelles, en éliminant certains des facteurs à l’origine de la crise, étaient de toute évidence nécessaires pour rétablir la confiance sur des bases solides. Mais initialement les programmes n’étaient pas assez centrés sur les problèmes du secteur financier et des entreprises; ce recentrage eut lieu plus tard, lorsque leur rôle dans la genèse de la crise fut mieux compris. Plus généralement, les constatations faites suscitent des interrogations concernant tant l’orientation des réformes structurelles que leur rythme et leur séquencement. Certaines de ces interrogations ont reçu une solution au cours du déroulement des programmes : certaines réformes furent reportées tandis que d’autres, considérées comme moins importantes, étaient éliminées; le bilan de la restructuration du secteur financier a également fait ressortir la nécessité de garanties publiques claires des dépôts bancaires en cas de crise. Cette nécessité a été mise en lumière en particulier par la fermeture de 16 banques en Indonésie en novembre 1997. Les banques en question étaient profondément insolvables et il fallait de toute évidence les fermer rapidement afin d’éviter une hémorragie d’argent public à les soutenir. Mais aucune déclaration ne fut faite à l’époque quant au traitement des déposants lors de l’éventuelle fermeture d’autres banques, chose que l’opinion publique considérait comme très probable. Ce silence était dû en partie à la crainte de ce qu’une garantie complète et faisant l’objet d’une large publicité n’aboutisse à créer un aléa moral. Avec le recul, ces craintes auraient dû céder le pas au danger de l’effondrement imminent du système bancaire. Il apparaît que l’incertitude au sujet de la couverture qu’offriraient d’éventuelles garanties publiques a été un facteur d’accélération majeur de la ruée sur les guichets des banques jusqu’en janvier 1998, lorsque fut annoncée une garantie générale couvrant la totalité des engagements bancaires; initialement les programmes s’appuyaient principalement sur un resserrement des conditions monétaires et d’autres mesures visant à rétablir la confiance afin d’endiguer les sorties de capitaux privés. La prise de mesures plus coercitives, voire l’instauration de contrôles sur les mouvements de capitaux, fut rejetée en partie par crainte d’exacerber la contagion. Mais le retour de la confiance tardant à se manifester, la participation du secteur privé (PSP) devint indispensable dans les trois pays pour enrayer les sorties de capitaux. En Thaïlande, les autorités obtinrent rapidement des banques étrangères qu’elles maintiennent les lignes de crédit de leurs succursales thaïes; en décembre 1997, quelques semaines après le lancement du programme, les principales banques créancières de la Corée furent instamment invitées à maintenir leurs fonds sur place; et en Indonésie, la suspension de facto du service de la dette extérieure des entreprises fut suivie de la mise en place d’un cadre de restructuration de ladite dette. Au vu de ces événements on peut se demander si la PSP n’aurait pas dû être organisée plus tôt notamment en Corée, menacée d’une crise de financement quelques semaines après le lancement du programme initial. Ils ont également impulsé des travaux destinés à établir les modalités d’une participation du secteur privé qui puisse être activée en cas de crise, mais aussi en vue d’étayer la confiance et ce faisant d’aider à enrayer les crises.
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