L'impact de la gouvernance et de la relation bancaire sur le risque de crédit chez les banques tunisiennes
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• Type de document : Thèse de doctorat
• Nombre de pages : 331
• Format : .Pdf
• Taille du fichier : 1.62 MB
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Extraits et sommaire de ce document
[…] Face à l’importance du risque de crédit en Tunisie, nous allons engager un travail permettant de répondre à la question suivante : pourquoi le secteur bancaire tunisien se caractérise-t-il par un volume considérable de crédits non performants ? Nous voulons analyser le comportement des banques et leurs politiques de crédit pour comprendre le processus de création de ces crédits non performants. De notre problématique découlent les questions de recherche suivantes :Quel est l’impact des mécanismes de gouvernance sur la gestion du risque de crédit des banques ? Quel est le rôle joué par la relation bancaire dans la gestion du risque de crédit des banques ?
La gestion du risque de crédit dépend de facteurs externes et internes aux banques. Ces dernières ont un contrôle très limité sur les facteurs externes tels que la conjoncture économique présente et future. Si les banques ne peuvent pas agir sur les facteurs externes, une bonne gestion du risque de crédit peut se faire en intervenant à l’intérieur de la banque.
L’attitude de la banque vis-à-vis du risque peut être mise en cause indépendamment des événements externes et des aléas extérieurs. Ainsi, le risque de non remboursement des crédits repose sur des facteurs internes inhérents aux qualités intrinsèques des projets à financier et/ou à la solvabilité de l’emprunteur lui-même. Parmi ces facteurs, nous citons la gouvernance bancaire et la relation bancaire.
Une prise de risque de crédit excessive résulte de mécanismes de gouvernance inefficaces ou d’un mauvais contrôle du processus de décision de crédit ainsi que d’un mauvais traitement de l’information relative à la qualité de l’emprunteur. De ce fait, dans notre recherche, nous appréhendons le risque de crédit à travers un double référentiel théorique : la théorie de la gouvernance d’entreprise et la théorie de l’intermédiation financière.
Les mécanismes de gouvernance peuvent conditionner la politique d’accord de crédit dans les banques étant donné qu’ils permettent de réduire les conflits d’agence entre les dirigeants, les actionnaires et les déposants. De même, la théorie de l’intermédiation financière offre une perspective riche sur le fonctionnement du marché de crédit bancaire et la compréhension de la politique de crédit adoptée par la banque.
[…]
Les caractéristiques spécifiques des banques rendent leur gouvernance différente de celle des entreprises. Les banques se caractérisent par une forte opacité engendrée par l’asymétrie informationnelle (Caprio et Levine, 2002* ; Levine 2004*)9, un important niveau d’endettement (Macey et O’Hara, 2003) et une forte réglementation (Prowse, 1997). Ces différentes caractéristiques affaiblissent le rôle joué par les mécanismes externes de gouvernance. En revanche, dans les banques, le contrôle semble revenir aux mécanismes internes de gouvernance qui permettent de réduire les risques encourus (Lobez, 2010), notamment le risque de crédit (Salas et Saurina, 2003).
Dès lors, le contrôle et la gestion du risque du crédit bancaire incombent, principalement, aux actionnaires et au conseil d’administration. Les actionnaires, étant les fournisseurs de capital, jouent un rôle clé dans la supervision de l’activité des banques et dans la gestion des risques.
Ils ont le pouvoir de déterminer l’orientation de la banque en matière de politique de crédits et d’approuver ou de sanctionner les décisions des dirigeants. De plus, la responsabilité ultime de la gestion des risques au sein des banques est conférée au conseil d’administration. Ce dernier doit fixer les orientations opérationnelles et assumer la responsabilité de la solidité de la banque (Greuning et Bratanovic, 2004). Le conseil d’administration doit, donc, contrôler la prise de risque par les dirigeants.
[…]
Dans le but de répondre à nos questions de recherche, nous structurons notre travail en deux parties. La première se propose de comprendre les spécificités de la gouvernance bancaire en Tunisie et son impact sur la gestion du risque de crédit des banques. Elle tentera, à partir d’une analyse théorique puis empirique, de répondre à notre première question de recherche.
Pour ce faire, la première partie s’articulera autour de deux chapitres. Le premier s’intéressera à la revue de la littérature et empirique relative à l’impact de la gouvernance sur la gestion du risque de crédit des banques. Nous présenterons la théorie d’agence comme point d’appui de notre définition de la gouvernance. Nous partirons d’une définition de la gouvernance d’entreprise afin d’aborder la notion de la gouvernance bancaire.
Nous exposerons, également, la spécificité de la gouvernance dans les banques. Cette spécificité est assignée à l’opacité des actifs bancaires, l’endettement des banques et la forte réglementation du secteur bancaire. L’accent sera, aussi, porté sur l’importance des mécanismes internes de gouvernance dans le contrôle des banques. Nous nous intéresserons particulièrement à la concentration de la propriété et aux caractéristiques du conseil de l’administration et à leur impact sur le risque de crédit des banques.
Le deuxième chapitre portera sur une étude empirique du secteur bancaire tunisien moyennant une analyse multivariée en données de panel. Nous testerons l’impact des mécanismes internes de gouvernance sur le risque de crédit des banques tunisiennes. Nos résultats montrent que des mécanismes de gouvernance défaillants ont contribué au développement des crédits non performants en Tunisie.
La deuxième partie se propose d’analyser le développement d’une relation bancaire et son impact sur la gestion de risque de crédit des banques en Tunisie. Elle s’articule autour de deux chapitres. Le troisième chapitre présentera une revue de la littérature relative à la relation bancaire et à ses effets présumés sur la politique de gestion du risque de crédit. Nous mettrons en lumière l’asymétrie informationnelle et les problèmes qui en découlent dans le marché du crédit. Nous traiterons les solutions préconisées par les prêteurs et la banque pour lever cette asymétrie informationnelle.
De surcroît, nous mettrons l’accent sur l’activisme des banques face à l’asymétrie informationnelle. Nous nous intéresserons tout particulièrement à la capacité des banques à développer et entretenir d’étroites et longues relations bancaires avec les emprunteurs. Nous proposerons une méthodologie basée sur un modèle qualitatif probit pour tester l’impact de développement d’une relation bancaire sur la probabilité de non remboursement des crédits en Tunisie. Nos résultats révèlent qu’une relation bancaire basée sur l’engagement et la partenariat a contribué au développement des crédits non performants en Tunisie.
Nous clôturerons notre recherche par une conclusion générale en reprenant les principaux résultats de notre recherche et en avançant quelques recommandations de politique économique. Nous exposerons aussi les limites et les voies de recherche futures de notre travail.
Partie 1 : Gouvernance bancaire et risque de crédit
Chapitre 1. Gouvernance bancaire et risque de crédit : une revue de la littérature
1.1. Introduction
1.2. De la gouvernance d’entreprise à la gouvernance bancaire
1.3. La spécificité de la gouvernance des banques
1.4. L’importance des mécanismes internes de gouvernance dans les banques
1.5. Mécanismes internes de gouvernance et risque de crédit : enseignements théoriques et empiriques
Chapitre 2. Gouvernance bancaire et risque de crédit : une étude empirique sur le cas tunisien
2.1. Introduction
2.2. Les aspects méthodologiques
2.3. Le modèle économétrique
2.4. Discussion des résultats
Partie 2 : Relation bancaire et le risque de crédit
Chapitre 3. Relation bancaire et risque de crédit : une revue de la littérature
3.1. Introduction
3.2. Les problèmes informationnels entre la banque et les emprunteurs
3.3. Les solutions aux problèmes informationnels
3.4. L’activisme de la banque face à l’asymétrie informationnelle
3.5. La relation bancaire : enseignements théoriques et empiriques
Chapitre 4. Relation bancaire et risque de crédit : une étude empirique sur le cas tunisien
4.1. Introduction
4.2. Les aspects méthodologiques
4.3. Le modèle économétrique
4.4. Discussion des résultats
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